HISTOIRE

Le château d’Yverdon a été construit au 13e siècle par Pierre de Savoie (1203-1268). Durant le Moyen Age, il remplit une fonction essentiellement défensive. A partir de 1536, date de la conquête bernoise du Pays de Vaud, il sert de résidence aux baillis. Propriété du canton de Vaud après la Révolution vaudoise de 1798, il est racheté par la Ville en 1804 pour accueillir l’institut du célèbre pédagogue Johann Heinrich Pestalozzi (1746-1827), avant d'héberger une école primaire et l'école normale.

Le château de Pierre de Savoie

La construction du château d’Yverdon commence en 1259, sur l’ordre du seigneur Pierre de Savoie. Une trentaine d'années auparavant, vers 1235, une première forteresse avait été construite à cet endroit par Amédée de Montfaucon, seigneur d’Orbe. Des vestiges, notamment ceux d’une tour ronde, ont en effet été découverts en 1943 dans la cour intérieure du château actuel.

Le château construit par Pierre de Savoie est un édifice militaire défensif. Il symbolise également son pouvoir. Le monument est réalisé selon un plan géométrique régulier, plus communément appelé « carré savoyard ».

Aspect original, le sommet des courtines (murs entre deux tours) n'était pas percé de créneaux, mais de fenêtres - ou baies-créneaux - donnant dans les combles des corps de logis, sous les toitures basses. Seul les murs de braies (enceinte basse entourant le pied du château) étaient crénelés.

La grande tour, circulaire, est achevée vers 1276 seulement, sous Philippe de Savoie, successeur de Pierre. La cour intérieure est surélevée, probablement au moyen des déblais des fosses de fondation. Les corps de logis ne comptent alors qu’un seul niveau sur la cour.

Les matériaux de construction du château sont la molasse, provenant peut-être de la région d’Yvonand ou de Suchy, et les moellons et boulets de rivière liés à la chaux. Les fondations des murs reposaient sur des pieux de chêne.

Aux temps de la baronnie de Vaud

Philippe de Savoie meurt sans laisser d’enfant.

Ses deux neveux s’affrontent âprement pour sa succession. Finalement, un accord est trouvé : l’héritage savoyard est partagé entre eux, Amédée V devenant comte de Savoie, tandis que son frère Louis reçoit le Pays de Vaud. Cette situation durera de 1285 à 1359.

Louis Ier, baron de Vaud, prend donc possession d’Yverdon. Les corps de logis sont embellis et la chapelle du château est édifiée en 1294 ; à l’origine, elle s’avançait de plus de 4 m dans la cour intérieure.

Les seigneurs de Vaud séjournent beaucoup plus souvent que les comtes de Savoie dans le monument, c’est pourquoi l’aspect résidentiel fait l’objet de soins particuliers. On attribue à Louis de Savoie le remaniement du troisième étage de la tour nord, la stupha (pièce chauffée) de l’aile est et l’agrandissement des corps de logis sud.

Retour sous l'autorité directe de la Savoie

De 1359 à 1536, le château d’Yverdon dépend à nouveau directement du comte de Savoie. Son rôle est alors surtout administratif et militaire. Dans l’aile est, une chambre chauffée est aménagée à la fin du 14e siècle ; en cette époque troublée, le monument est régulièrement réparé et soigneusement maintenu en état, notamment les enceintes. Après un grave incendie, qu’ont subi le château et la ville, les toitures sont reconstruites vers 1380.

A la fin du 14e siècle, le comte Amédée VIII de Savoie séjourne au château d’Yverdon. En raison de sa présence, les appartements privés des ailes sud et ouest sont rénovés.

Les archives de la seconde moitié du 15e siècle ont malheureusement disparu, mais l’édifice a certainement été renforcé à la veille des guerres de Bourgogne. Durant celles-ci, le château est incendié et en partie démantelé. D’importants travaux sont entrepris ; les corps de logis sont surélevés d’un étage.


RÉFÉRENCES

Informations historiques tirées de
Daniel de Raemy et al., Châteaux, donjons et grandes tours dans les Etats de Savoie (1230-1330).
Un modèle : le château d'Yverdon, Lausanne, 2004, Cahiers d’archéologie romande 98-99

En 1536, Berne conquiert le Pays de Vaud. Le château perd sa fonction militaire et devient la résidence des baillis bernois. Jusqu’en 1798, date de la Révolution vaudoise, ils seront 47 à se succéder, chacun nommé pour une durée de six ans.

Durant l’époque bernoise, les autorités rénovent et entretiennent soigneusement le monument, symbole du pouvoir de l’Etat. Des appartements pour le bailli et des salles d'apparat y sont aménagés. Le confort est peu à peu amélioré et de vastes greniers sont construits pour stocker le grain et les céréales.

Les appartements, d’abord limités à l’angle nord du château, s’étendent progressivement à toutes les ailes du bâtiment. L’intérieur est richement meublé, comme dans certaines maisons de maître que l’on peut voir en ville. Dans l’aile nord, deux salles d'apparat - la salle d’audience du bailli et la Nebenstube - présentent encore de remarquables peintures.

A la fin du 16e et au 17e siècle, les fenêtres à meneaux ne permettent qu’un éclairage limité. De plus, les meubles imposants absorbent la lumière. Au 18e siècle, le percement de grandes fenêtres améliorera l’éclairage. Le monument perd son caractère militaire, s’ouvrant vers l’extérieur.


RÉFÉRENCES

Informations historiques tirées de
Daniel de Raemy et al., Châteaux, donjons et grandes tours dans les Etats de Savoie (1230-1330).
Un modèle : le château d'Yverdon, Lausanne, 2004, Cahiers d’archéologie romande 98-99

L'Institut de J. H. Pestalozzi

Suite à la Révolution vaudoise de 1798, le dernier bailli de Berne quitte le château. L’édifice est déclaré bien national. Les prisons qu’il abrite sont toujours utilisées ; occasionnellement, il sert aussi de caserne. Les anciennes défenses des environs du château sont démolies, ce qui permet d’agrandir la place publique.

En 1804, la Ville acquiert le château pour y accueillir le pédagogue J. H. Pestalozzi et son institut. De nouvelles prisons sont construites hors du monument.

Le château connaît de nombreuses transformations pour accueillir maîtres et pensionnaires. En 1805, il y a 20 élèves, puis déjà 80 l’année suivante. En 1809, les effectifs sont au plus haut : 165 élèves, encadrés par 31 maîtres. Vingt ans plus tard, en 1825, Pestalozzi quittera Yverdon, après que le nombre de ses pensionnaires a fortement chuté.

D'importantes transformations

Les interventions effectuées entre 1804 et 1816 sont variées. L’étage sur cour est peu transformé, car l’appartement du bailli, constitué de salles donnant sur des corridors intérieurs, est bien adapté à une utilisation scolaire. Cet étage comprend notamment les salles de classe, la salle à manger, la cuisine, la chambre à lessive et quelques chambres à coucher.

En 1809, Pestalozzi obtient également l’espace qui correspond à l’ancienne chapelle médiévale. Il y aménage sa « salle de prière ».

Le deuxième étage du monument subit des travaux plus importants. Les greniers d’autrefois sont transformés en dortoirs. L’appartement de Pestalozzi s’étend sur toute l’aile nord. Les tours reçoivent des cabinets utiles à l’institut du pédagogue.

Enfin, le secteur de l’entrée et les accès au château sont profondément modifiés.

Livres, prière et gymnastique

En 1825, Pestalozzi quitte Yverdon. Après son départ, la bibliothèque publique est installée dans le château. Les livres sont déménagés en 1830 de l’Hôtel de Ville à l’étage supérieur de l’aile est. Une salle de lecture est aménagée dans la pièce surplombant alors la chapelle. La porte en bois monumentale (à l'entrée de l'actuelle salle de Préhistoire du musée) est le seul vestige encore visible de cette bibliothèque.

L’ancienne salle de prière de Pestalozzi devient une chapelle catholique en 1832. Cette année-là, les catholiques du canton de Vaud obtiennent le droit d’exercer librement leur culte. En 1838, ils obtiennent d’autres locaux de l’étage supérieur de l’aile nord, qu’ils quittent trois ans plus tard, lorsque leur nouvelle église est construite.

Une salle de gymnastique est même brièvement aménagée au sommet de la tour est ! Mais ses dimensions sont modestes (45 m2) et les risques nombreux... Aussi, le Conseil communal attribue aux gymnastes d’autres locaux successifs, jusqu’à ce que la salle de gymnastique actuelle soit construite en 1922.

Les écoles publiques

En 1836, le Conseil communal décide de transférer les classes d’écoles dans le château. L’ancien collège ne correspond plus aux nouvelles normes exigées : des salles de 2,70 m de haut, bien éclairées, et un espace de 1,82 m2 par élève.

Divers travaux sont menés pour accueillir les élèves.

Au départ, ceux du collège prennent place dans les deux étages de l’aile sud, tandis que l’école des garçons est logée dans l’aile est, et celle des filles au rez-de-chaussée de l’aile nord. Le directeur du collège habite dans l’ancien appartement de Pestalozzi, à l’étage de l’aile nord.

Dès 1838, les salles sont régulièrement repeintes et les planchers changés. On élargit les fenêtres afin d’apporter plus de lumière. Les poêles en fer sont remplacés par des poêles en terre ; les derniers ne disparaissent qu’en 1972, lorsque le chauffage central est installé.

Jusqu’au début du 20e siècle, de nombreux travaux et remaniements ont lieu. Mais en raison du manque de place, l'école primaire Pestalozzi est ouverte en 1911, permettant d’accueillir de nombreuses classes.

En 1974, les dernières classes d’application de l’Ecole normale quittent le château pour le nouveau Centre d’Enseignement secondaire du Nord vaudois (CESSNOV).


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Daniel de Raemy et al., Châteaux, donjons et grandes tours dans les Etats de Savoie (1230-1330).
Un modèle : le château d'Yverdon, Lausanne, 2004, Cahiers d’archéologie romande 98-99

La cité thermale d’Yverdon-les-Bains bénéficie d’un patrimoine historique exceptionnel, des Celtes à nos jours en passant par l’occupation romaine et savoyarde! Les visites guidées proposées par l’Office du Tourisme permettent de découvrir 6000 ans d’histoire de la ville, de manière interactive.

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